Un heureux abandon, s’il en est (Danthan Anke)

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Jour de langueur, mon insouciante marche pointée vers un quelconque nulle part fuyant
Réchauffé aux caresses d’un doux soleil de mai, ses mains compatissantes me ouatant
Porté, j’en oublie mon nom, mes années et même ce sol cherchant à attraper mes pieds
Boussole et horloge larguées, ici et partout s’unissent sous mon léger sourire esquissé

Pénétré d’une enivrante sensation de flottement, l’entour de moi soudain décroît
À la déclinante mélopée d’oiseaux, un bref vague à l’âme fait moirer mes pupilles de joie
La brumeuse nacre du ciel s’enlumine de grâce, substituée au familier paysage disparu
Le doux friselis de feuillages, dernière ancre sensorielle avant ma glissade en l’inconnu

Qu’ai-je franchi au juste, mes sens peinent à pouvoir nommer ces curieux stimuli
Peu importe, je touche à l’inédit, gommant tout ce que j’avais pu alors éprouver de banal
Tableau trompe-l’oeil ou non, mon aura s’y dilate sous un flot de bien-être indéfini
Souvenir et devenir s’enlacent en un parfait présent, déroulé sous l’unifié point cardinal

Sur la toile arc-en-ciel des possibles, un culminant feuillu se détache en hologramme
Chêne conquérant, son chatoyant houppier m’édifie sur la perfection de l’écrite trame
Sensations de sénescence se dissipant au contact de ma joue posée contre son écorce
Tout ce temps, l’indice gisait là, à l’ombre de ce phare vert, vibrant d’une sereine force

Il m’est dit que partir est illusoire, les destinations n’étant que retours à la racine
On ne quitte rien, car ce qu’on croit laisser en arrière reviens sous un autre jour
Et on n’arrive point, car tous ces lieux que l’on tente d’atteindre, on y est passé à rebours
Voyageur sur étirée longitude, sois patient, m’instruit cet azur qui veille à nos pluri-gines

Vient ce son, prenant forme dans l’air, carillon sonnant le retour à ma promenade mayenne
Traces de béatitude euphorique alors qu’un tendre humus vient amortir mon atterrissage
Je me tourne, tu es là, avec d’autres, joyeux sous le naturel éclatant d’un temps amène
Tous ici, mais là-bas aussi, mon âme trouve paix en l’idée, l’arbre de vie portant ce présage

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