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Je suis philtre, ô Mon maître! Bois-moi
Je serai ton plus digne sujet, de bonne foi
J’épouserai tes tripes et je trinquerai avec ton désarroi
Je serai un habit aussi doux que de la soie

Ô mon roi! Goûte-moi, savoure-moi
Tu ne seras qu’ébloui par moi
Enfant du diable ou enfant de cœur
Qu’importe la liqueur
Qui te guidera vers ton paradis
Qu’importe le mal qui t’envahit
J’emporterai ton âme blessée
En moi, pour qu’elle puisse se délacer

Aussi grandes que puissent être tes craintes
Je rassérénerai tout ton être

Je suis le philtre qui va chasser ta douleur
Épancher ton cœur
Au grès de tes émois
Penche-toi sur moi
J’incarnerai le corps désiré
Le cœur convoité
Je suis le philtre à qui, aussi longtemps, que tu te donneras
Deviendra, à son tour, ton plus digne Roi

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Dans L’IVRESSE DES SENS