L’adieu (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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Pendant que gouttes d’eau,
Dans le secret des brumes,
Tissent les écumes
Que bercent les ruisseaux

Les aubes vaporeuses
Soulevant, silencieuses
Les voiles des nuages
Deviennent paysages.

Pour que de toutes parts
Des ancres de hasard
Amarrent mon regard,
Emparé de départ

Qu’il naufrage à poursuivre
Ces glaces éphémères,
Qui tentent de survivre
En espérant l’hiver

Et naissent des frasils,
Dérivant sur les mers
Qui enchâssent les îles
Dans des gaines de verre

Se dressant, comme égides
Cristallines et limpides
Entre nues et fluides
Neptune et sylphides.

Qu’il sache se languir
Des vents qui lui ravissent
Ces silences qui bruissent
De tout ce qui soupire

Sous la voûte endormie
Et égrènent à la lyre
Des bois et des taillis,
Ces parfums de la myrrhe

Qui enivrent l’éther
Des printemps fugitifs
Et le ballet furtif
Des elfes et des sorcières…

Que souffre sa prunelle,
Qu’il ne soit de beauté
Plus divine que celle
Qu’il a de contempler

L’envolée silencieuse
Des oiseaux de passage
Et la rosée frileuse
Qui s’égare au feuillage,

L’ombre rousse et sauvage
Que vient boire la montagne
Sur le lit des rivages
Où sa moire m’accompagne,

Quand l’onde où elle se penche
Sous l’étreinte du soir
Dénoue ses vagues blanches
Et devient un miroir.

Comme il est de regrets
Qui passent dans nos yeux,
Qui courtisent, en secret
Et le rêve et l’adieu…

Sur le satin des dunes
Où s’épurent, une à une
Les guipures diaprées
Dont s’est drapé l’été,

Je pleure ma bohème
Qui s’offre en prière
Au ciel comme à la terre
De cette île que j’aime…

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