Chagrin (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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Vois, mes yeux sont flétris
De t’avoir tant pleuré
Comme un fleuve tari
Dont le lit s’est gercé

Je m’enfante de rides
Et de sillons creusés
À même ce vide
Que l’absence m’a laissé

Et je porte en colliers
Aux creux de mains humides,
Ces souffrances débridées
Que jamais rien n’endigue

Ni le flot déversé
De leurs larmes acides
Ni l’écho du passé
Où mon âme navigue

Ni le poids des promesses
Dont l’espoir se nourrit
Ni les lambeaux de sagesse
Qu’on croit avoir appris

Ni l’éveil tourmenté
Des aurores livides,
Qui dévorent avides
Mes sommeils convulsés

Moi qui te cherche encore
Dans la beauté des choses
Où mes pensées s’égarent
Où mon regard se pose

Espérant que la mort
Qui de douleur s’écrit
À décanter l’oubli
À si petites doses

En lettres de brouillard
Au hasard de mes nuits
N’est entre fleur éclose
Et celle qui a fleurie

Rien de plus que la vie
Qui se métamorphose
Se sublime et se lie
Comme un verbe en sa prose

L’autel où se déposent
Les mille questions que je suis
Dans une gerbe de roses
Et des mains enlacées qui prient.

Le duel où s’oppose
Le néant, l’infini
L’éternel qui repose
Dans le temps qui s’enfuit

L’empyrée où se mêle
Le divin, l’entéléchie
Que devienne immortel
Le souffle saint de l’Esprit.

Et ce ciel entrouvert
Où pénitents impunis
Dansent entre la lumière
Et l’ombre du paradis

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