Maison de carton (Nicole Gravel)

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Je ne voulais pas que ce soit comme ça
Je ne veux pas qu’il souffre qu’il en meure

Pourquoi faut-il qu’il s’en aille
Avant même qu’il comprenne
Qu’il saisisse qu’il sache que tellement
Si grand plus grand que ma vie
Que nos guerres nos colères nos misères

Pourtant il a tout pour comprendre
Un cœur bien à lui qui bat
Des trémolos dans la voix
Des nuances il en a plus qu’il faut
Ses sens à l’affût il décode si bien
Les mots les siens il les pense il voyage

Je ne voulais pas que ce soit comme ça
Je ne veux pas qu’il souffre qu’il en meure

Qu’ai-je fait pour mériter ça
Même les crimes immondes savent se faire pardonner
J’ai le cœur chamboulé
Que devient ma maison sans ton pardon
Même si tu me dis que tu es content de ce que je fais
Je reste avide de te retrouver comme avant

Pourtant je me dis avec tous nos moments
À se dire à agir à user nos attentes
Un ciment nous a enlisés dans nos pacotilles
Un marteau piqueur n’en viendrait pas à bout
Peut-être que la douceur et des mots doux
Pas trop pour ne pas éveiller les soupçons
Ta nature a connu tant de déboires de trahisons
Que l’armure de ta maison en verrouille le passage

La marée viendra nous emportant au large
Ce nulle part que nous ne connaissons pas fait peur
Il donne froid dans le dos il vaut mieux le faire taire
Parce que si on le laisse faire il nous entraîne sous terre
Celui même qui bouffe notre air et ces demains plus loin

Je ne voulais pas que ce soit comme ça
Je ne veux pas qu’il souffre qu’il en meure

Je t’implore fais-moi un peu de tendresse
Dis-le moi avec tes yeux d’autrefois
Car il est tard et le noir viendra

Puis la rengaine comme une chanson répétitive
Vieille de nos âges et de ceux d’avant parsème
Nos mémoires, nos histoires s’inscrivent d’elle
Familière comme un vieux tablier accroché au fourneau
Inoffensif il semble au contraire qu’il a du mordant

Dis-le moi encore une fois comme au printemps de nos vies
Quand la maison n’était pas en carton que le vent la poussait
Une maison en famille à souper à se dire les taquineries qui font rire
Tu nous contais des histoires à dormir debout et nous en redemandions
Pourquoi faut-il que tu ne saches, que tu me laisses pour partir

Je ne voulais pas que ce soit comme ça
Je ne veux pas qu’il souffre qu’il en meure

Va-t-il le comprendre enfin que ce n’est pas ça que je voulais
Que ma vie ne sert qu’à lui dire tout ce qu’il n’entend pas
Mes efforts sont comme des mots sur du sable mouillé
Les larmes les miennes se mélangent rejoignent l’océan
Hors de nos vies en dehors de nous de nos sentiments

Il partira oui il partira comme il est venu
Je serai fidèle à ce désert, le cactus fleurira
La page blanche n’a pas fini d’écrire tous nos manques
Nos absences ne seront qu’un prolongement de nous-même
La faim d’amour pardonnera-t-elle nos errances

Je ne voulais pas que ce soit comme ca
Je ne veux pas qu’il souffre qu’il en meure

Et pourtant il s’en va
Mais avant, il m’a souri avec ses yeux.

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