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Couchés sur papier, s’alignent des signes friands d’idées
Griffonnés, abréviés, élidés, rimés, en phrases racées
Prélude au débat, des locutions aux airs ensorcelants
Les mots s’enchevêtrent, tissant le récit du vivant
La page blanche jonchée de traits couleur nuit de crypte
En ébauche de brins de pensées transposés en script
La calligraphie cursive signe l’épître de son pas dansant
Les mots défilent, se défilent, filent sur les ailes du vent
Rapatriant les souvenirs
Esquissant l’avenir
Reformulant l’instant
Mots venus prêter main-forte aux éparpillés sentiments
Malgré leur nombre colossal, à l’évidence insuffisants
Mais se posant comme la mère de toutes les éruditions
Esquifs fendant l’écume ourlant nos vues fragmentaires
Les mots se liguent, émoustillent, défient l’entendement
Leur jumelle effigie, icone figé et coi, se voit bousculée
Sous un flot de caractères habilement assortis, à l’infini
Modulant un chant de phonèmes, une parole désaliénée
Les mots supplantent, donnent un sens au bruit inédit
Par eux naît ton souhait, comme le mien, de jeter l’ancre
Dénicher l’aphorisme qui musèlera les saltimbanques
Ainsi pourvu, insuffler à l’ode l’élégance qui lui manque
Fin mot, sabrer la digression, rayer l’abîme de nos encres