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Le téléphone retentit tard passé minuit
Un appel de loin, l’envahissant ne connaît pas
Les principes de civilité du combiné
Ni le décalage et ses rouages
L’importun, importune le rêve lui coupe ses ardeurs
La tarte aux myrtilles sa projection s’échappe
Et même cette femme nue s’évanouit

Puis sonne encore
Les yeux secs il se gratte
Un grumeau coincé
L’œil s’objecte à s’entrouvrir
Le mouchoir enfin l’accueille
L’œil tout rouge pique
Une goutte serait de mise

Sa femme ronfle comme un taureau
Se demande s’il va entendre les mots
Le bureau juste à côté fera l’affaire
Voulant dire juste un instant
Le temps du déplacement
Décroche le combiné lourd
Sur le marbre atterrit

L’appel suspendu
L’attente se prolonge
Le sol froid il cherche ses mules
Se penche sous son lit en trouve une
La veilleuse il l’allume
À cloche-pied se rend à tâtons en chemin
Le gros orteil se fracasse contre une chaise. Ouille!
Les cris il réprime son souffle reprend
Ses mots ruminent vocifèrent contre l’indésirable

Enfin bien installé les pieds surélevés
La toux le prend
Vite va chercher de l’eau
Dans la salle de bain adjacente
Point de verre sur le comptoir
Retourne vers sa table de nuit
L’eau trop vite avalée l’étouffe
Tousse, tousse autant s’agite
D’un mouchoir éponge sa salive
Le calme remonte en surface
Son bureau l’accueille à nouveau

Quelle est longue cette attente
Le souci commence à le préoccuper
Des scénarios il s’en fait et en imagine
Imagine si bien que le temps file au galop
Un peu désorienté surpris de l’effet de l’ampleur
Du somnifère avalé plus tôt son effet gagne
La nuit dehors pointe l’aube

Sa raison lui rappelle de revenir présent
À l’appel qui se meurt d’attendre depuis des heures
Il raccroche puis décroche juste le temps d’entendre
Sa fille gémir accoucher de son premier-né
Et puis merde alors
Pourquoi tout ce temps avant de prendre l’appel

Bon tout finit bien
Le poupon hurle à pleins poumons
Le mouchoir essuie ses larmes de joie