Brume (Nicole Gravel)

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L’indécision la bloque la questionne
Le propos l’indispose la provoque
Sa peau moite son visage se plisse
La scène se déroule en leurs présences
Ils ignorent qu’elle, derrière aux aguets, les guette.
Les deux bougent se retournent lui font volteface
Ils prennent le crachoir la sanctionne la menace
Par une demande inattendue pernicieuse suffocante
La main sur le ventre elle réclame de l’air
Qui tarde en secousses à redevenir respirable
Le choix l’a-t-elle de s’imposer de dire non.
L’enjeu mettre fin à sa relation
L’enjeu reprendre sa vie, exister
L’enjeu le bonheur son bonheur
L’enjeu parcourir le monde
L’enjeu son avenir
Un mouvement répétitif s’installe
Elle fait un pas devant, un pas derrière
Le surplace ne peut exister en lui seul
En sa prison elle réside depuis trop
Elle résiste encore à se prononcer à se choisir
Ses penchants l’orientent à puiser comme ses hiers
Dans ses automatismes récurrents envahissants.
Ses compulsions éclaboussent sa talentueuse passion
Elle soupèse tente de décoder d’amoindrir
L’effet brunissant retire son éclat elle se flétrit lentement
Son terme terne s’enlise ses pensées sa vie
Les messages se referment sur des choix
L’information file à grands pas plus vite la pousse
Leur morale sans vergogne la trahit même son mari
L’expression des deux autres la mène en bateau
Une évidence comme un casse-tête achevé
Sa dernière pièce posée donne le sens final
Elle se montre magnanime puis s’obscurcit
Le ciel s’embrume la lune aussi.
Elle regarde l’heure sur sa montre
Son rouage s’arrête elle a fini de tourner
En rond comme cette aiguille du temps.
Eux au salon commencent à ne sentir rien de bon
Elle les largue avec leur petit bateau chavirant
Dans la brume la lune sillonne l’océan
Elle jette sa montre, à l’agence prend un billet
Dans l’avion sans bagage elle survole Hawaii.
L’envol, ses idées limpides elle respire à nouveau
Une exposition l’attend.

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