
Emmenez-moi au bout de la terre…
Charles Aznavour
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Je serai le plus grand des bateaux que la mer ait connu
Et braverai sans trembler les eaux, si épris d’absolu
Qu’escortée de la brise odorante et du vent léger
Où murmure le flot qui m’enchante, sommeillant à mes pieds
Larguerai sans attendre demain, toutes mes amarres
Et hisserai mes voiles qu’enfin, empresse le départ.
Tournerai vers l’horizon lointain ma proue et mon regard
Et seul maître alors de mon destin, mes deux mains sur la barre
Je dirai adieu à mon passé, sans regrets, ni remords
À ces rives où j’allais naufrager n’attendant que la mort.
Et jetterai loin par-dessus bord, toutes mes entraves
Tout, ce qui sans un bruit, me dévore et me rends esclave.
Et délesté soudain d’inutiles et de vaines charges,
Je mettrai le cap sur les îles et prendrai le grand large.
Mes mats touchant l’azur où murmure le chant des étoiles
J’irai le cœur vibrant d’aventures et le vent dans les voiles.
Dirai non aux routes, qui d’avance, ne mènent nulle part
Si ce n’est qu’aux doutes, à l’impuissance et aux faux départs.
Et tout comme on fait sa délivrance, en y croyant très fort
Je braverai le sort et la chance en virant de bord.
J’irai là où m’appelle le rêve et le chant des sirènes
Où la mer et le ciel s’achèvent, se confondent et s’enchaînent.
A me gaver jusqu’à me souler des alcools qui entêtent
Du monde m’enivrer de péchés, de folles conquêtes.
Quand j’aurai musardé de hasard aux mouillages des ports
Détroussé de leurs embruns salés le visage des fjords
Effeuillé les parfums épicés des rivages qu’on déflore
Je reviendrai les cheveux épars mais les cales pleines d’or…