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En ma maison, il y a des portes
Sous celle de la chambre, un rai de lumière
Une présence devinée, familière, là derrière
Dans le noir de la nuit, voilà qui réconforte
Dans cette maison, on fait la fête
Y souligne un parent, un frère, une sœur, Saint-Nicolas !
Odeurs de chandelles, salves de rires, parfum de repas
Par delà les carreaux gronde l’ire des tempêtes
En cette maison, des histoires cachottières
Un passant la scrute, ne devine pas, un adon !
Passions et frictions, ablutions et pardons
Sans savoir si cela durera, une perplexité entière
Banc-lieu de jeunesse, sous-sol pour naïfs amoureux
Le bercail des amis égarés, refuge sous le ciel polaire
Les jeux autour d’une table, libations au salon des aveux
Une nonchalante histoire s’écrit, fragile comme le verre
Pendant que se gravent des sillons aux plafonds
Craquent les limons dans le sillage des pérégrinations
Du perron au balcon, des combles aux fondations
Mais on ne veut qu’y aimer, et pas plus loin nous irons
On l’oublie bien vite cette maison
Un miroir aux alouettes nous attire au dehors
Attraits, projets, trajets, mais l’ivraie salue l’aurore
Les saisons insistent, suffisent pourtant leurs floraisons
Maison, l’idéal d’un infini
Les murs parlent d’un temps jalonné de printemps
Temps qui manque, qui tire, qui reprend, qui suspend
Maison ne peut que nous aimer, nous y garder, unis
Mais on ne fait qu’y passer
Pour un temps s’y entasser
S’y enlacer pour rêvasser
S’y aimer sans s’en lasser
Chaque maison
Remplie de sons
Et sa sage leçon
Nous parle, mais on…