À Ginette Reno (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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J’aimerais vous raconter une histoire
Qui commence par un souffle, un espoir
Un fragment aussi ténu qu’un bruissement
L’ombre d’un soupir, sur la portée du vent
Fragile, diaphane, sylphide…

Il aurait pu se perdre et se tarir
Tant et tant de fois, se laisser mourir
Ou dissoudre à jamais sa prose
Sans moduler une seule ride
Dans l’ordre fluide des choses.

Mais il a chevauché l’absolu
Buvant à l’alambic des vertus
La foi ingénue du féal
Quêtant l’impossible Graal.

Et sur des embruns d’océan
Il s’est chargé de milles encens
Et brille de l’éclat vif-argent
Et des reflets évanescents
D’une lune gibbeuse qui luit.

S’est instruit à l’encre rubescente
Des runes de sang luminescentes
Gravée sur la pierre, le bois vermoulu
Et dont s’égare l’alphabet révolu
Dans les creusets du temps qui fuit.

Il porta le poids de ses chagrins indicibles
Celui de sa foi aux chemins de l’impossible.
Il goûta à cette ivresse des grands départs
Voyagea la rumeur des vagues où s’égarent
Jusqu’aux plus capricieux courants de l’onde

Rejetés par les marées furibondes
Sur des sables délavés d’oublis.
Cherchant dans la voilure des grands mâts
La solitude de l’infini
Où l’incommensurable s’entrevoit…

Il se laissa vaincre sans aucune armure
Par la poésie de l’ineffable
Et les mystères de l’insondable.
Porté par le verbe, jusqu’à toucher l’azur
Où murmure superbe, la lumière des étoiles

Il étreignit la fragilité que de nous dévoilent
Les grands tourments de l’existence
Nourrit sa force et sa puissance
De ses chimères, de ses passions

Et de la colère des berceaux
Où il apprit la trahison
Ce limon des espoirs déçus
Qui peuplent, comme autant de fléaux
D’un passé jamais révolu
La suffisance des parvenus
Et la jactance des rois déchus.

Il fut ce cri dans le silence
Pour arracher à sa déroute
L’écho déchiré par l’absence
Où s’arrime et s’éploie le doute
Et qui transcende la souffrance
L’offrande des chemins de croix
Dans la prière et dans la foi

Pour élever coûte que coûte
Aux sommets de la quintessence
Le miracle de son chant sublime
Qui envoûte l’empyrée ultime
Où les Dieux se taisent et l’écoutent…

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