Une bouteille
L’attirait
Lui faisait la cour
Robe de contenu
Liquide translucide
Une eau d’esker
Souterraine insistait
Qu’il la prenne
La boive d’un trait

Un détour retenait
Sa prise en main
Des objets entre elle
Des contours pointus
D’objets entassés
La pénombre
Sa vue floue
Le trajet l’assoiffait

Les courbes filiformes
Faciles à parcourir
Pour lui elles s’avèrent ardues
Ses jambes plâtrées
Les béquilles incertaines
Le plâtré indisposé
Quelle complication misérable
Pour s’emparer d’une simple bouteille

L’endurance le maintien
Dans la course à la source
Cette idée d’une eau limpide
Sa bouche survoltée retenait
Son trop plein désir
D’une eau désaltérante
Un mirage inaccessible
Pour l’instant un supplice
Que l’envie qui s’ajoute le gonfle
La goutte fait déborder son esprit s’embue

Son souhait persistait
Contraint par ses limites
Son tempérament
Se faisait entendre
Jusqu’au salon
Il remarque dans le coin
Son énorme chien qui sape à profusion de l’eau
Si bruyant ce buveur il devrait en laisser

Téméraire il tente l’impensable
Son bol encore à ras bord
Sa vue a un effet qui l’afflige inflige
En son esprit une idée saugrenue
La décision prise
Il se penche pour le saisir
Tentative infructueuse
Le chien grogne saute
Lui mord d’un coup la main
Doucement en signe
D’une réprobation certaine
C’est que la canicule
Ce canin l’indispose

La suite lui dicte un arrêt
Lui dicte une suggestion
De prendre une pause
De résister à la tentation
De sanctionner à outrance
Ce vilain toutou indiscipliné

Une pause lui impose
Il s’allonge transpire s’affaisse sur le canapé
Tant bien que mal
Tente de reprendre ses sens
Ses envies de le frapper
De hurler sa rage
Contre tous ses déboires
Son infortune aventure

Soudain il vit
Sur la table basse
Une autre bouteille
Au diable l’autre
Celle-ci fera son bonheur
Il la boit d’un trait
S’éclabousse le palais
C’est ainsi que s’achève
Son parcours périlleux