La guerre (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin
À Volodimir Zélinski et tous les Ukrainiens

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Ne reste-il que l’ivraie
Quand on vous a tout pris?
Que des cris d’orfraie
À pousser devant l’infamie?

Vous qui n’aviez rien d’hostile
Et ne faisiez qu’exister
Pour que la clémence d’un meilleur avril
Ensemence vos champs de blé…

Vous n’aviez de boussole
Que l’espoir, pour garder le cap,
Quand tout s’étiole
Et que tout vous échappe.

Que la foi qui soulève
Quelques éclats de rêve
Pour sertir vos prières
Offertes à ces vies sacrifiées

Par celui qui vint souiller votre sanctuaire,
Pour voler la fleur enfantée
De l’atome nucléaire
Et la gloire éphémère
D’en dompter les enfers.

Pour votre regard levé au ciel
Dans l’attente d’un miracle,
Il n’y a pas de trêve
À votre destin cruel

Seules ces montagnes que l’on soulève
Pour faire fi des obstacles.
Cernés de barricades,
Il vous fallut croiser le fer

Et dresser des embuscades
À cet ennemi patibulaire
Qui vous promettait le miel
Mais, n’avait que son venin,
Dont il vous a fait boire le fiel.

Comme vasques altérées
Soupirants sous leurs alambics,
Vos milles voix héroïques,
Assoiffées de courage et de justice,

Fusionnèrent en une seule, libératrice,
Dont l’éloquence caustique,
Confédérant idéologies et politiques,
Su appeler chacun de vos alliés

À s’élever contre l’hégémonie profanatrice,
Qu’ils vous aident à délier par la victoire
Le reliquat des liens bolchéviques
Qui ont abreuvé votre mémoire
D’innombrables sacrifices
Et d’innommables supplices
Et vous ont fait boire, en leur calice,
Le vitriol et l’arsenic.

Si, désormais, se peignent
Des horizons de lumière,
Pour libérer l’azur où règnent
Les cieux que l’on conquiert

Et faire de la poussière
Des murs de vos frontières,
Qu’elle emmure la guerre
Au lit des cimetières,

Dans ces tristes linceuls
Où la mort s’engouffre,
Que jamais plus, Homme souffre
Comme il a souffert

Pour l’hérésie d’un seul
Qui le pouvoir vénère,
Jusqu’à vendre son âme
Pour asservir son frère

Croyant qu’il se réclame
Devant les Dieux du ciel,
D’assujettir, en ses frontières
Et à la gloire de son règne

Le libre arbitre des peuples affranchis,
Qu’ils idolâtrent et craignent
Celui, qui couvert d’or et de brocart,
Le cœur saumâtre, l’âme si noire

Qu’elle n’aura que l’enfer éternel
Pour unique et seul purgatoire,
S’est proclamé d’être le dernier des Tsars
Sur la terre de toutes les Russies.

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