Adieu et longs sanglots (Nicole Gravel)

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Si jamais après le temps nos continents nos ardeurs
Si peut-être il te reste un peu de nous,
Plante le dans le jardin sous le frêle frêne à son pied
Il saura quoi en faire quand ses racines l’accueilleront.
Jamais je l’admets je n’ai imaginé que tu souffrais ainsi.
Le silence a recouvert tes misères et moi je suis partie.

Ta maison, elle m’a supplié avant même d’y être
De retourner d’où je venais, et encore plus loin
De me sauver car elle savait que le désarroi me trancherait
Assez profondément pour que cassent mes os en pièces,
Que la fièvre m’habite et la toux me coupe le sommeil
Cette pente divalente vers le prisme sans couleur
Le bloc de verre fissuré de tes poings maculés.

Je pleure nos possibles à l’écumoire des bassins de décantation
Une croûte graisseuse amoncelle nos espoirs réunis
L’esprit intentionné les a remisés en punition de nos égarements
Après plus tard quand l’eau claire à nouveau nous y boirons
La vie en fera pousser des bouquets de dentelles
Dans l’allée qui mène à nous, un banc jaune n’attend que le soleil
L’adieu et les longs sanglots, l’oiseau en a fait son nid.

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