ÉGLOGUES INSTRUMENTALES — Trombone (par Paul Laurendeau)

Il est venu du monde des fanfares
Sans trop faire d’histoire.
De par Kid Ory et de par Jack Teagarden
Il a su nous susurrer, discrètement, sans peine,
Ses petits phrasés archaïques,
Sans énervement, sans panique,
Ses souvenirs de fêtes foraines,
Ses sinueux glissandos de rengaines.

Il est tranquille.
Il sait aussi être étincelant
Par moments.
À la campagne comme à la ville,
Effacé mais subtil,
Il est le compagnon indolent
De la trompette
Et de la clarinette.

Ces trois là, en leur temps, ont fait un certain bruit.
On les appelait le Trio de Dixie.
C’est largement comme ça que le Jazz a électrisé nos nuits.
Ce grand seigneur est venu puis il est reparti.
Et la clarinette est retournée, stoïque
Se nicher dans l’orchestre symphonique.
La trompette a renoué, sans flafla, sans chichi
Avec les majorettes et les mariachis.

Et le trombone est resté là
Comme deux ronds de flan,
À flotter sur l’étang.
Il est tout seul.
J. J. Johnson, dans un grand linceul.
Et moi, je ne vais pas m’en plaindre, pardi.
Que nenni.
Car vous ne me verrez jamais avoir des mots
Avec un trombone solo…

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