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Jamais ne reviennent les occasions manquées.
À force de suive l’ornière des chevaux,
De boire à la même auge, se sont précipités
Nos espoirs de bonheur, dans le feu et dans l’eau.
Nos rives communes, nos souvenirs en trêve,
Nos rêves d’enfant bien coulés dans le ciment
Ne nous condamnent-ils pas infailliblement
À attendre en silence que le temps nous achève?
Les robes affriolantes, échancrées et trop courtes
Que l’on a pas mises, qui restent suspendues,
On fait ce qui se doit, ce qui est convenu,
En place d’affirmer qu’on en a rien à foutre.
Ces baises interrompues parce qu’il fait trop clair.
Harnacher le désir à nos plages horaires,
Au lieu de visiter celles de sable blanc,
De peur que l’on nous voie, libres, nus et brulants.
Tous les fruits défendus que l’on a pas mangés
Le piano sur lequel personne n’a joué,
Quand passe la musique et s’arrête la danse,
Viendra alors le temps d’en regretter la transe.
Au prochain rendez-vous qui nous rassemblera
Ta gorge invitante comme les eaux profondes
Hardi, j’y plongerai pour la suite du monde
J’irai rêver ma vie bien lové dans tes bras.
Ne pas courber le dos, faire la guerre ensemble,
Exulter, courir seul quand le ciel tombe en pluie,
Aller frencher les fées, les anges de la nuit,
Faire la gueule au destin et vivre comme on tremble.