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Images éparses, instantanés de vie, enfance parcellaire…
En début de lecture on ne sait pas, on ne sait rien ni de Xavière ni de son univers. Il faut tenter des liens, inventer soi-même l’histoire, l’imaginer et espérer comprendre en poursuivant, en construisant le fil et faire du sens au mieux…
Il s’agit d’atmosphères, de sensations, d’empreintes laissées sur la peau fragile de l’âme. Il s’agit de mystères à peine suggérés, d’économie impressionnante de détails, de climats recréés par le seul souvenir de bribes encore très vives et saisissantes, échouées là par vagues successives, comme autant de marées.
Xavière. Une vie à tout prendre, sans retenue, propulsée par la joie, l’ivresse de vivre. «Comme toujours, les gens me grisent, surtout en ouverture de rencontre». (p. 83)
Artiste, créatrice, ardente, enthousiaste, ses horizons s’étendent à travers tout le territoire de son presque pays, Québec, mais aussi celui des Premières Nations, des Acadiens et des artistes contestataires: «Des mots font la ronde dans l’azur du papier, inspirés du manifeste, des illustrations, des photographies et des poèmes radicaux des penseurs libertaires peintres, photographes, chorégraphes, écrivains, danseuses et actrices québécois.e.s du recueil Refus global mis au monde par Paul-Émile Borduas.» (p. 83)
Avec une saveur unique, Xavière nous offre la beauté, poésie du monde telle qu’elle se manifeste en son Québec, à travers les mots d’une amie: «J’entends siffler le vent. Lorsque j’entre après les travaux au jardin, j’ai l’habitude de nettoyer mon visage du sel qui le recouvre.» (p. 80)
Et cette amie, pourquoi a-t-elle choisi d’habiter à l’Isle-aux-oies-blanches dans une maison d’ardoise, ouverte sur une mer souvent agitée d’octobre à mai?
«Pour la beauté», répondra-t-elle.» (p. 80)
Xavière nous révèle et nous laisse en héritage des détails savoureux de notre histoire, à ne pas oublier, jamais, telles les traditionnelles virées du Mardi Gras et l’importance de la musique dans la lourdeur des jours:
«Debout, mes amis font le cercle autour du tabouret où, dans l’attitude propre à Félix Leclerc, mon pied repose, pour commencer le poème musical.» (p.87) «Berthe et Théo suivent avec ardeur l’ordre des chansons […] du répertoire irlandais. En finale, les flûtes, les cordes et les voix bercent le lieu. Doucement, le chagrin se fait coulant, presque séduisant.» (p.87) «(Ils) entourent ma taille de leurs bras, dans le grand observatoire étoilé de la nuit, la dernière sur l’Isle.» (p. 88)
Mais avant de quitter, Xavière nous aura offert un riche survol, allant de la poétesse Anne Hébert jusqu’à Loco Locass, en passant par Félix Leclerc, Gaston Miron, Michèle Lalonde et Jean-Paul Riopelle, nous rappelant avec ardeur ces artistes engagés dans la défense du fait français au presque pays du Québec.
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Hélèna Courteau (2022), Xavière – mes saisons, ÉLP Éditeur, Montréal, format papier, ePub ou Mobi.
Le bouquin est disponible en ligne chez ÉLP éditions ou amazon
et en format papier chez cirqueforains@gmail.com (l’autrice).