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Et si, pour survivre au-delà de tout, je risquais l’égarement? Que j’appareillais vers l’inaccessible et mettais voiles au plein sens? Que trouverais-je au-delà de l’horizon visible?
Ramènerais-je en mes cales
Quelques trésors si fabuleux
Qu’ils n’attendaient que cette escale
Au périple de mon esquif
Pour me laisser les découvrir?
Ou sombrerais-je dans les abysses
Tristes et solitaires du rêve
Comme tant de ces barques de lunes
En quête d’aurore boréales
Comme tant de ces bateaux de brume
Survivants de l’imaginaire
Que l’on enfante dans l’éther
Entre l’espoir et l’amertume
Hantant les lueurs vespérales
Des feux Saint-Elme qui se consument
À se dissoudre dans leurs voiles
Évanescentes comme l’écume?
Comme tant de ces vaisseaux précieux
Aux bois de rose ou de santal
Ceux qu’on incruste d’or massif
Qui cherchent des routes aux étoiles
Qui bravent corsaires et mistral
Pour des louis d’or et des épices
Ou voguent en des eaux d’infortunes
Qu’azurent des soleils excessifs
Sans autres haleines qui les essoufflent
Que vents qui tiennent dans un souffle
Mais qui se condamnent au naufrage
Pour n’avoir su se prémunir
Contre les dangers du voyage
Ni mouiller l’ancre en quelques terres
En quelques havres, quelques rivages
Et qui reposent leurs épaves
Au linceul de toutes les mers
Aux lits desquelles elles s’enclavent
Pour ne laisser de leurs sillages
Que ces lambeaux d’écumes brèves
Aux tombeaux de chaque récif?