.

En ce bas monde, je n’ai que du mépris
Pour couronner mon sempiternel dépit
N’essayez point de m’astreindre à la vie
Qui n’est autre qu’un bazar d’esprit et de niaiseries
Où l’homme, en troc d’un plaisir incertain
Se prosterne au diable sans dédain
Ô sublimes et douces visions!
Je suis votre serf, maîtresse de l’illusion
Gardez-moi de cet enfer vide de sens
J’ai besoin d’un monde aussi radieux que la nitescence
La douleur a su m’apprivoiser
Je sens tomber sur moi une douce pluie
Je relève la tête toute frileuse

Pour savourer cette onction ténébreuse
Je surprends le mal qui bave sur mes effrois et retombées

Espérant me faire succomber à mes douleurs inachevées
J’ai pitié de vous, qui croyez que l’agonie
N’est pas une bénédiction inouïe
Mon seul péché c’est d’avoir goûté à l’aigreur
Et d’être si bien chérie par la douleur
Je dresse un lit de repos pour mon âme
Dans mon monde baigné de charmes
Je suis ivre de rêveries
Le néant me hante dans cette vie

.

Dans L’IVRESSE DES SENS