Le destin est comme la mer (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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Un destin qui vous nargue
Comme ces mers étales
Que ceignent de saphirs
Des eaux de cristal

Où feignent de mourir
Et le vent et la vague
Et l’haleine et le sang
D’effervescents orages

Dont ne s’étanche l’ire
Qu’à l’ivresse du large
Quand l’aquilon surprend
Endormies dans leurs voiles

Ces nefs qui soupirent
Aux lampions des étoiles
Et qu’on entend gémir
Sous l’aigreur des rafales

Qui, soudain, les déchire
Les broie et les empale.
Elles s’offrent sans armure
Aux abysses insondables

Qui déjà les emmurent
Dans des coffres de sable
Dans les tombeaux d’azur
De l’incommensurable
Où silences, inlassables
Bruissent et murmurent…

Au filet de la vie
Que le tourment assaille,
Le bonheur est celui
Qui passe entre les mailles…

Le tribut à l’oubli
Des dernières batailles
C’est étouffer les cris
De son cœur qui trésaille

C’est sonder l’infini
Sans croiser son bercail
Et c’est faire de la nuit
Son golfe de Biscaille.

C’est implorer pardon
La déesse des mers
C’est perdre la raison
Profaner ses prières

Jusqu’à payer le prix
De chacun de ces râles
Qui déchire l’agonie
Des navires qu’elle avale

Qui gisent d’abandon
Aux tréfonds de ses failles
Et maudissent son nom
Au lit de ses entrailles.

Quand elle tisse de nacre
De gangues de corail
Les gages qui consacrent
Ses milles fiançailles

La mer porte, comme à son cou,
Tous les joyaux, tous les bijoux,
Toutes les voiles des bateaux,
Comme des étoiles sur sa peau…

2 réponses à “Le destin est comme la mer (Nathalie Gauvin)

  1. Nathalie écrit tout simplement parce qu’elle est en vie et que pour elle vivre et écrire participent d’un même élan, d’une même nécessité.  Ici , si elle regarde la mer, si elle chante et poétise la mer, elle est la mer. Au cœur de sa démarche se trouve une aspiration bouillonnante, effervescente, impossible à ignorer. Dire. Elle n’en sort que pour porter la mer, à son cou comme en ses mots, bijou, sœur, voile sous les étoiles.

  2. Merci, chère Nathalie, pour cette balade houleuse en mer qui vient caresser les côtes du petit Pays basque bondissant au sein du golf de Biscaye (golfo de Vizcaya), alors que la nef de l’Être se dégrise au vent d’ouest d’un éden intérieur… D’un cœur solaire, Stéphane

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