
Si la sensibilité et la vulnérabilité des êtres sont les pierres d’assises de la poésie,
elles sont aussi les tendons d’Achille de la vie…
(Nathalie Gauvin)
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Un jour, te ferai un jardin
De ces bouquets de peines
Échappés de tes mains
Et qui, comme espoirs que l’on sème
En mille volées de graines
Dans la harpe du vent
Dénouent leurs roses de chimères
Puis s’effeuillent, éphémères
En pétales de sang
Et si, au vent qui les emporte
Comme les feuilles mortes
Troublant l’eau des fontaines
Se mêlent, mes larmes furtives
S’abritant, fugitives,
Aux corolles des fleurs
Dis-toi, qu’elles sont perles de pluie
Qui, pour sertir d’oubli
Les gerçures de mon cœur
S’inventent en colliers de rosée
Que tissent, en vain, sans bruit
Les elfes de la nuit
Car si, elles parent d’étoiles fugaces
La dentelle où s’enlacent
Les sarments des rosiers
Je sais, qu’au matin elles s’effacent
Ne laissant à leurs places
Que toiles d’araignées
Et si, l’éther qui les distille
Au soleil qui les grise
Un instant les retient
En voiles de brumes diaphanes
Envoûtant les montagnes
De caresses lascives
Sitôt, que vaincues et captives
Leurs musiques agonisent
Aux donjons des nuages
L’azur se lasse et les recrache
S’inventant des orages
Dont ont soif de vivre
Celles qui, dans un tout dernier trille
Prient l’ondée qui les livre
Aux hasards du destin
Non pas, de raconter rivières
À tous ces bras de fleuves
Qui inventent la mer
Mais de retrouver le chemin
Du jardin de ton cœur
Pour s’endormir enfin
Au creux de la rose fragile
Qui attendait, docile
Que les nuages pleuvent
Afin de s’offrir à ta main
Et de se faire l’écrin
De ces perles qu’elle cache
Et qui, des secrètes douleurs
Que tu immortalises
Sur la page d’un livre
Se font les gardiennes sacrées
Que le temps éternise
En ocrant le papier
L’ombrant des couleurs imprécises
Qu’en mourant ont laissées
Mes larmes évaporées…
La poésie est la vie même, cette part d’enchantement qui vient à notre rencontre. Il y a en plus, dans la poésie de Nathalie, la musique du vent, car la phrase coule, envoûtante, presque ensorcelante par sa littérarité, fluide comme caresse ou berceuse. Écrire, c’est sa façon d’habiter l’espace et le temps. Merci, Nathalie, d’adoucir les humeurs du temps.
il faut soi-même être poète et extraordinairement sensible pour comprendre et commenter de façon aussi cristalline les vers d’une autre poète. Je te sais les deux à la fois ma chère Ghislaine et je suis honorée de t’avoir pour amie. Nathalie