La mer (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

.

Et la mer était blanche
Écumant d’une rage
Qui s’était fait tourmente
À tous les vents du large

Déchirant des orages
À profaner ces temples
Que ta voile contemple
Aux versants des nuages

Éveillant sous les ondes
Les dragons de l’enfer
Fissurant de lumières
Les gorges profondes

Que chevauche tonnerre
De mille voix qui grondent
Qui roulent et se répondent
Aux vagues de l’éther.

Et que pleurent les haubans de misaine
Du fardeau de toutes leurs misères
Eux qui tendent les voiles qui peinent
Sous l’assaut des noroîts en colère.

Que gémissent mâts et gouvernails
Sous des mains qui s’épuisent en batailles
Et que souquent marins leurs cordages
Que se hisse pavillons de naufrage.

Que mugissent ces mers qui se déchaînent
Se nourrissent du fiel de leur haine
Qu’elles emportent les cris loin des ports
Quand l’espoir et la vie quittent le bord…

Se lestant de grisaille
À chavirer le ciel
À priver de leurs ailes
Des gréements de passage

Qui ont risqués pour elle
Tant et tant de croisades
Et s’en font un linceul
À leur dernier voyage.

Insoumise, elle déferle
Aux parois des murailles
Qui défendent les grèves
Qu’elle assaille et martèle

Et falaises s’escarpent
Aux flots qui les écharpent
Ouvrant les paysages
De lambeaux de rivages

Dont elle broie le jade
Sous l’étau de sa gueule
En brisants de dentelles
Que ses vagues soulèvent

Hantant les eaux sauvages
Où sa rage s’épanche
Des carènes béantes
Hélant leurs équipages.

Elle s’enroule, se dénoue
En mille vagues fières
Qui déferlent et s’échouent
En fracas de tonnerre

Sur le ventre meurtri
Des amants de naguère
Qui croiseront l’oubli
Au lit des cimetières…

Et que pleurent les haubans de misaine
Du fardeau de toutes leurs misères
Eux qui tendent les voiles qui peinent
Sous l’assaut des noroîts en colère.

Que gémissent mâts et gouvernails
Sous des mains qui s’épuisent en batailles
Et que souquent marins leurs cordages
Que se hissent pavillons de naufrage.

Que mugissent ces mers qui se déchaînent
Se nourrissent du fiel de leur haine
Qu’elles emportent les cris loin des ports
Quand l’espoir et la vie quittent le bord…

Et la mer devint sage
Sous l’écho du silence
Et coucha sur les plages
Les fruits de sa vengeance:

Les restes d’une épave
Et d’une voile blanche
Maculant les rivages
Des sanglots de l’absence…

2 réponses à “La mer (Nathalie Gauvin)

  1. Encore une intense et magique histoire ! Avec en elle des trésors de mots et, comme au fond des yeux, dans le bruit des doigts et explosant la tête, des fragments d’étoiles éclatées en mille rêves-vertiges ! Nathalie existe en tant de lieux autres qu’ici… L’un est galactique, l’autre de présence à la terrestre permanence, celui-ci de mer et de merveilles. Où la retrouverons-nous, la fois d’après ?

  2. merci mon amie de lire en moi avec tant de lucidité et de bienveillance, preuve d’une âme empreinte d’autant d’intelligence émotionnelle que d’altruisme! Nathalie

Répondre à gilavff820f0385 Annuler la réponse.