À moi… (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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Pour aimer, il faut avoir vécu, renoncé, possédé et perdu. Il faut avoir donner et reçu. Il faut avoir mesuré la démesure, défendu l’indéfendable et vaincu. Il faut avoir chevauché le vide, s’être immolé à l’usure et atteint la grâce que le paradis promet. Il faut s’être abandonné sans réserve ni regret… avoir su pleurer le pire en nous et exalter le meilleurs de ce que l’on est. Il faut avoir bu l’absinthe autant que l’hydromel, s’être abreuvé au sel d’une bouche humide comme a une source vive et avoir connu le désert aride et sa soif altérée. Il faut avoir voyagé les confins d’infinis qui se cachent en nous et franchi les frontières ou la finitude se heurte. Il faut avoir pardonné et maudit et s’être lavé de nos enfers. Il faut avoir sombré et fait naufrage sans foi et cent fois et avoir su naviguer au lampions des étoiles. Il faut avoir conquis l’impossible et s’être délivré de nos chaines. Il faut avoir tenu dans l’instant fugace qui déjà se voile, toute une vie d’audace, de fuites et de peines, de déchirures et de guérisons, d’aurores et de crépuscules, pour pouvoir enfin porter en nos mains, comme on porte le monde, le sens ultime de son destin: l’amour…

2 réponses à “À moi… (Nathalie Gauvin)

  1. Oui, et nos luttes, et nos écrits, et nos bonheurs apaisés aussi en témoignent… C’est, si bien dit,  »le pays étrange qui nous habite ». Après avoir vaincu. Merci, chère poétesse!

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