L’appel de l’écriture (Nathalie Gauvin)

Tulipes-Nathalie Gauvin

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En grandissant, je me suis appliquée à comprendre toutes ces perceptions sensibles qui m’habitaient de leurs frissons, et, pour mieux les définir et en cerner les mystères, inlassablement, j’en éprouvais l’extase, en distillais l’exultation, en apprivoisais les nuances subtiles, en exhalais l’essence, afin qu’elles deviennent palpables, au point que j’en sache, à jamais, imprimer et décrire l’émoi, aux tréfonds de mon être.

Le percevoir et le sentir devinrent les précieux ingrédients de cette absinthe, qui s’instilla au cœur de ma conscience, l’ensorcelant d’un philtre si puissant, qu’encore aujourd’hui, elle est grise et vaincue de s’en être désaltérée. J’ignorais alors, que cette aptitude à pressentir l’indéfini et cette faculté d’en préciser l’abstraction, n’étaient que les prémices d’une sensibilité brute, que viendrait ciseler, plus tard, la nécessité et l’urgence d’écrire.

Peut-être aurait eu tôt fait de se tarir cette «souffrance d’éprouver», si elle n’avait su s’abreuver que des alcools frelatés qui se distillent dans les villes, mais elle voyagea ces pays, de la splendeur et de la vie que met au monde la Nature et, s’enivra de ces liqueurs, dont on élève la grandeur, aux fûts que le chêne ennoblit, pour qu’elles s’épurent à vieillir aux futailles de tous les celliers, de peur qu’il ne reste à la lie d’une douleur à décanter, toutes les couleurs et les fruits que jeunesse ne sait raconter…

Et je trinquai à l’infini, à la lumière, comme à la nuit, que je m’épuise à célébrer la Muse, l’amour et la beauté, l’ivresse folle de n’être éprise que de ce qu’il reste à écrire, le seul alcool qui me grise à m’envoûter de sa magie. Philtre d’éther, ton élixir est source vive et eau de vie…!

Une réponse à “L’appel de l’écriture (Nathalie Gauvin)

  1. Oh oui tu aimes les mots! Merci de cette preuve à a fois douce et explosive, pleine de désir et d’amour envers l’écriture. Qui te sert et te rend la pareille… L’écriture t’aime, nous conquiert, te ravit et nous ravit aussi… Vive la vie, vive l’écrit!

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