Paul Laurendeau : L’islam, et nous les athées

cover_laurendeau_islamEn écrivant L’islam et nous les athées, Paul Laurendeau n’a jamais eu l’intention d’offrir au public un ouvrage de type encyclopédique sur l’islam. Pourtant, tout au long de cet ensemble de textes non exhaustifs qui composent cet essai, l’auteur s’adresse à ceux qui n’en connaissent pas grand-chose, c’est-à-dire nous-mêmes, les occidentaux, ceux qui s’inscrivent dans ce « nous » de L’islam et nous les athées, même si certains d’entre nous ne sont pas athées par conviction, mais plutôt par habitude, par paresse métaphysique, aurais-je envie d’ajouter. Un Occidental peut-il se pencher sur une religion autre que celle qui passait dans la région au moment de sa naissance pour l’expliquer à ses semblables ? Oui, bien entendu… et, si cet individu s’avère ouvertement athée, comme c’est le cas de Paul Laurendeau, il risque de le faire davantage avec respect qu’un catholique, par exemple, qui chercherait à établir des comparaisons là où il n’est sans doute pas possible d’en faire.

Dans L’islam et nous les athées, Paul Laurendeau nous parle de l’islam autrement, sans concession mais respectueusement. Comme un athée, justement… Il présente ce qu’un occidental éclairé devrait minimalement savoir de l’islam et, à ce titre, apporte une contribution non négligeable à la connaissance de cette grande religion monothéiste présente dans la plupart des villes occidentales de ce siècle. Il porte un regard respectueux sur l’islam, sans discuter de la légitimité des croyances en cause. Pour lui, Mahomet, ses épouses, ses filles et les premiers califes sont des figures historico-légendaires absolument remarquables, tragiques, puissantes, quasi shakespeariennes. À travers elles, il devient possible de mieux comprendre nos compatriotes musulmans, de la même façon que l’on comprends mieux nos compatriotes anglo-saxons à travers notre découverte de leur compréhension d’un roi écossais (Macbeth), d’un prince danois (Hamlet), d’un général romain (Jules César) et de deux jeunes amoureux de Vérone (Roméo et Juliette).

Cet ouvrage s’adresse d’abord aux occidentaux parce que nos réflexes culturels au sujet de l’islam sont soit inexistants, soit totalement conditionnés par les préjugés et la propagande. Ces réflexes conditionnés sont un peu inévitables, mais il est possible de renverser la tendance en proposant une lecture humaniste de l’islam. C’est entre autres ce que l’auteur de cet essai se propose de faire. En le lisant, vous découvrirez que les émotions et les réflexions que l’islam peut encore apporter, aux gens exempts de religion, sont très intéressantes, si on a la présence d’esprit de les capter dans l’angle philosophique approprié. Et ça, nous devons en parler, plus que jamais aujourd’hui, avec un esprit libre et sans condescendance civilisatrice aucune.

Aux musulmans qui liront ce livre, l’auteur dit ceci : On peut respecter des croyances et s’y intéresser profondément, sans les partager. Mahomet et Khadîdja appartiennent au monde entier. Quand une culture influence aussi profondément la pensée universelle comme le fait l’islam, eh bien, elle attire éventuellement l’attention de ceux qui ne s’y soumettrons jamais mais s’inspireront quand même de son rayonnement, de sa portée intellectuelle et pratique, de sa sagesse, et voudront mieux la connaître et la faire connaître pour mieux vous comprendre vous, compatriotes musulmans, dont nous sommes pleinement solidaires.

Découvrons-nous les uns les autres. Voilà en substance le message que porte cet ouvrage essentiel pour ce siècle. Ouvrage qui tient de l’essai, certes, mais qui s’avère aussi d’une beauté remarquable en certaines de ses parties. Vous verrez, les deux chapitres consacrés à Aicha sont d’un lyrisme époustouflant qui confine au sublime. L’islam classique à ses héros mythiques, comme les Juifs ont les siens. Et voilà que nous comprenons drôlement mieux le schisme des années conquérantes qui ont donné naissance aux Sunnites et aux Chiites.

Paul Laurendeau, mon ami, mon frère en cette humanité déraisonnable, contribue par cet ouvrage à l’édification de ce monde qui, singulièrement, manque tellement d’humanité.

L’islam et nous les athées s’avère sans contredit un ouvrage qui « nous » fait du bien.

Paul Laurendeau, L’islam et nous les athées, ÉLP éditeur, 2015, 3,49€ ou 4,99$, disponible sur toutes les plateformes et, sans DRM, sur 7Switch.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s