Quand Joie et moi, on se rencontre
Elle ne prend jamais ses grands airs
Elle ne se déclare ni pour ni contre
Le fait de porter des vêtements ordinaires.
Elle prend la forme d’une tasse de thé
Ou d’un petit phrasé de guitare
Elle est conversation, murmure ou aparté.
Joie se lève tôt, Joie se couche tard.
Au printemps, Joie perle par mille fentes
En été, solaire, elle est omniprésente
Elle flotte, feutrée, en l’intensité de mes automnes
Et Joie, le long du cours de mes hivers, frissonne, étonne.
Parfois, Joie me fend comme un couteau
Qui est alors plus un instrument qu’une arme.
Car Joie, c’est plutôt un ruban, un foulard, un chapeau
Qui me soutire un rire ou m’extorque des larmes.
Voir se dissoudre Joie, inévitablement ça me désole
Comme quand il faut jeter des fleurs qui ont séché
Mais le cycle de l’être, pur, solide, me console.
Joie n’est pas disparue du fait d’avoir un petit peu découché…
Et le grandiose de Joie n’est ni ardent, ni dur,
Ni mou, ni sec, ni froid, ni mat, ni purulent.
C’est que Joie, c’est une délicate machine miniature
Qui arrive sur l’air et repart sous le vent.