
ABYSSE de Suzanne Poirier, 2020
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Pour approcher l’abysse
Il faut s’abandonner
Les obtus, les jocrisses
Ne sont pas invités
L’abysse est polychrome
Elle est déchiquetée
Elle est la croûte qui ose
Ne pas représenter
Le regard crie, s’arrache
Il ne se repose pas
Ce symposium de taches
Lui est un singulier repas
Les rouges ne parlent pas
Tout en les dénigrant, les bleus
Pour les noirs lourds et gras
L’orange est un enjeu pulpeux
Je n’ai pas pu, Abysse
Je n’ai pas su…
Une larme sur ma joue glisse
J’ai les entrailles qui se tordent
Mes dents, mes pauvres lèvres mordent
Je ne saurais quitter des yeux l’Abysse
Pour t’approcher, Abysse
Il faut s’abandonner
C’est arrivé
Je n’ai pas pu
Pas su
Te résister…