Nous lézardons au soleil.
À l’entrée du parc des Chutes, en creux, les pierres s’amoncellent, lisses
De la rivière Saint-Maurice,
Qui les traversent depuis toujours.
Shawinigan, là où on quitte le canot pour le portage.
C’est le dernier jour.
Les vannes de la centrale sont fermées.
La semaine prochaine, les nouveaux amoureux téméraires seront éclaboussés.
Nous jouons au couple japonnais.
-Suki, chéri!
Un sourire s’esquisse, irrésistible.
– Ai, viens plus près
L’avenir est si loin.
Comme des chemins qui s’allongent.
Comme des serpents qui s’étirent à l’infini.
Je grave ton nom dans le calcaire de la roche. Tu ajoutes un talisman.
– Même heure dans dix ans.
Nous avons à peine dix-huit ans.
Nos traces seront mouillées puis effacées, à force.