Je suis un loup-cervier.
Le loup des loups, le loup Alpha du Canada
Arrogant, sans ancrage, libre, assoiffé, enflammé.
De bois en bois, d’étendues inconnues, de sources vives,
Je rêve endormi sous le feuillage dans son sillage.
J’entends son bruissement mélodieux qui me ramène à la vie.
Rêve d’éveil là où mon esprit s’accroche aux étoiles.

De chasseur je deviens le chassé, l’animal tapi.
La coureuse des bois m’a flairé,
Elle me piste, me distrait de ma course, m’affronte.
Happé par les ardeurs du combat par celle qui m’appelle,
Le loup se rend,
La coureuse s’éprend.

Sous le charme d’un désir puissant, plus puissant je m’incarne.
Je mute sous ma cape argentée, pour cette belle grisante chasseresse,
Son regard félin me domine, me chérit, sous sa plaine féminine,
Son souffle s’étend, s’entend, la nuit, sous ma pelisse.
Elle est d’ailes et moi de loup.

Saisons des serments, des amours, des enfants et de ce qui reprend,
Le temps se couvre chavirant les toujours des lendemains.
Malgré sa funeste maladie, la louve se love, se meurt, s’éteint.
Nuits d’avant roses bleutées, celles d’après noires translucides.

La louve demeure en son précieux sanctuaire,
Sous ses fleurs en son jardin elle s’élève.
Moi je vis solitaire en ma tanière
Peignant le prix de l’avoir tant aimé, je me souviens.

D’une nuit à l’autre l’homme s’efface, l’éclosion subsiste entre amoureux.
Le loup que je suis hurle à jamais à la vie, au sursis, à l’agonie.
À la vie, à l’infini présence de son absence,
À ses rires, à sa naissance,
À mes larmes à ma naissance.