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La lumière s’éteint
La marche de Jeanne est un glissement de chaussures
devenues pierres
Une robe sans forme
passée sur la chemisette de nuit,
tachée d’huile d’olive à la manche
Son regard passe au travers de ses enfants présentes
La colère durcit ses yeux
La mort est désirée
Au midi de sa vie
elle portait haut
le devoir des jours
Les saisons scolaires des filles
La liste des courses indispensables à la bonne
Les réunions à la chambre de commerce
L’inventaire hebdomadaire de la boutique
Y croire
s’y tenir
Le père accoste tous les vendredi
Au repas du soir la famille,
doucement euphorique se réunit autour de la matriarche
Elle s’attarde devant les reliefs du dessert.
Jeanne et Louis en ont long à écouter, à se dire
Au soir de sa vie
Des pauses aux dix pas allongent le trajet
son cœur bat la chamade
À la nuit de sa vie
Une chambre lui est assignée au Centre-de-la-Mauricie
Dans le lit, la vieille dame tient une place incongrue
L’ossature délicate se révèle imperceptiblement au mitan de sa couche dernière,
miniature comme celle d’ une enfant.
Émouvant…
Et j’accompagne mon merci, pour ce sensible partage, d’une pensée…
c’est beau mais si triste ça fait peur l’outrage de l’âge, du temps qui passe trop vite hélas… merci