.
Voici un émouvant roman historique auquel nous convie l’autrice, Mariette Théberge: l’aventure de Jeanne, vingt ans, qui part de Baie-des-Saules en Gaspésie, pour Montréal en 1950. Autour d’elle évoluent famille et ami(e)s.
Ce très intéressant récit émotionnel se lit admirablement bien. L’autrice nous fait penser à Danielle Steel quand Jeanne vit des moments éprouvants mais réussit toujours à trouver le bonheur. Semblable à la mer, parfois houleuse mais grandiose dans son déchaînement, sa vie revient toujours à la beauté et au calme souverain du miroir liquide.
Justement parlons-en de la mer. Celui ou celle qui a grandi avec elle ne pourra l’oublier. Elle restera toujours la principale confidente de Jeanne. D’ailleurs Diane Boudreau, poète et auteure, dans son admirable préface, l’a bien remarqué et cite un des plus beaux passages du livre de Mariette Théberge: …Son amie la mer, où elle s’épanchait et à qui elle confiait ses peines et ses tourments. Cette amie fidèle qui lui apportait toujours calme et réconfort… Le romantisme à son meilleur.
Mariette Théberge parle toujours avec le cœur et c’est là qu’elle nous rejoint tous. Dans cette histoire où les personnages traversent deux guerres, de différentes façons selon leur sexe, l’autrice nous fait vivre les émotions fortes de cette période. Un homme que Jeanne a rencontré grâce au bénévolat de correspondante de guerre va lui faire vivre des moments difficiles. Et cela donne l’occasion à l’autrice de nous servir un autre très beau passage:
L’homme part sans laisser d’adresse, ni même un mot à son intention… Elle se jette sur son lit en pleurant. Toutes ses économies se sont envolées. Dehors il pleut. C’est l’automne. Un autre jour de pluie. Il pleut surtout à l’intérieur…
L’autrice aussi met en valeur la combativité et la force de caractère de Jeanne qui croit en des jours meilleurs et seule, sans l’aide d’un homme irresponsable, assure la continuité de la vie:
Elle arrivera, non sans peine, à se tirer d’affaire sans s’apitoyer sur son sort et ne voulant en aucun cas attirer la pitié des gens. L’abandon et la trahison de Léopold Desormeaux n’auront pas d’emprise sur elle.
Tout finit par rentrer dans l’ordre. C’est à la beauté de ce roman lumineux qui nous amène à découvrir Baie-des Saules tout en embarquant dans cette fabuleuse histoire qui mérite une suite.
Merveilleuse page couverture aux couleurs pastels, photo de Mélanie Jean. Le ciel immense, lourd de pluie, sur lequel se détache une petite maison coquette, où on imagine se vit un bonheur tranquille. Le vert du blé qui pousse et le rose des fleurs devant la maison complète cette scène champêtre d’une grande beauté toute simple. Sur la quatrième de couverture ce paysage bucolique se prolonge donnant le ton au livre où tout commence et finit à la ferme de la famille Langlois.
.
Recension réalisée conjointement par John Mallette et Janine Pioger
.
Mariette Théberge, JEANNE À LA SAISON DES PLUIES, éditions Le Baladin, 2022. 130 p.