On perd pied un instant et tout s’effondre en dedans (Hélèna Courteau)

ÉLP

.

Je n’ai plus la fureur de courir les trottoirs.
Je n’ai plus la fureur de rouler sur les autoroutes.
Je n’ai plus la fureur d’écrire des pamphlets sur des bouts de tables d’auberges de province.

Comme beaucoup de femmes d’action intraitables, l’opération médicale va servir d’alibi à une trêve.
Entre la conscience et le songe.
Entre le songe et la conscience, je m’accorde un lâchement de prise.
Les amis fêtent ma guérison.
Durant la convalescence, des livres et des revues sont apportés par brassées.

Au rythme du vibrato suscité par le bonheur, à vivre un peu large, à l’air libre,
j’ai pas fini, me dis-je, de venir au monde.

Lorsque, sortie de ma jeunesse, un homme s’incarne devant moi.
Vif et fertile, le charme ravageur, Jude était le superbe et le réservé, l’arrogant et le fervent, le bûcheur et l’altruiste.
Médusée, j’ai pas tout capté ce qu’il dit.
«Je perds mes heures
Je perds mes jours
Je me perds
Mon cerveau rétrécit».
J’ai tout balancé; la liste des choses à faire, la liste des achats du souper, le souper.

Du soleil jusqu’aux oreilles, bras dessus bras dessous, nous avons marché, comme sous l’ordre d’un décret d’une loi d’urgence, à la face du ciel, sans s’arrêter.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s