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Ces volatils moments habités qui aussitôt se hâtent à vouloir s’esquiver
Comment contenir une telle échappée en amont, en direction du passé déterministe
Laissé en plan, sans port d’attache, pourrais-je un jour contrer le joug du grand Artiste ?
Je rêve d’interstices recelant d’autres temps qui, eux, dilateraient mes continuités
Peine perdue car, de concert, l’édifice de ces deux vues antagonistes s’écroule !
Piétinant au creuset créé par l’épée du temps, des pendules détraqués me tourneboulent
Perclus au fond du goulet encaissé, des falaises m’imposent leur pan de nuit noire
Rien de gouvernable ne vient effleurer mes sens priant pour l’éclair d’un échappatoire
Ni vraiment durée, mesure ou phénomène, sinon une indéfinie flèche au long-court?
Inapparent mais imposé, ce temps dévale sur moi, m’obligeant à compter à rebours
Sous sa fougue accélératrice, je m’efforce de le faire reculer, mieux, de rétrocéder
Ce n’est pas tant le poids du paradoxe que son insistance à tout vouloir me subtiliser
Brève est l’impartie durée, de sa main silencieuse, elle écourte
Heureux qu’il y ait toi, tes rires, tes regards causeurs, où il fait bon venir me blottir
Et tes mots, en notes jouées suavement jusqu’aux nues, viennent enivrer les désirs
Dopant l’instant, y invitant nos joies, les étirant, nous distanciant des heures courtes
Au havre clément, surgi d’un réel ayant enfin consenti à se distendre, un tant soit peu
L’implacable tic-tac s’est enfin tu, les cahots s’apaisant au sein du grand carrousel bleu
Sur lequel nous n’en pouvons simplement plus de devoir sans cesse nous démener
L’amour des vivants, pas en reste, éclot, se fait miracle, nous extirpe du temps propulsé
Non pas tuer le temps, seulement l’oublier, sans s’oublier
Pour enfin que bascule son séculaire sablier
L’obligeant à restituer
Nos temps dérobés