COTE DEUX (Louise Demers)

COTE DEUX (1982)
Louise Demers (1952-2014)

Le temps s’arrête comme dans un film d’Igmar Bergman
Les mots transpercent, Dieu et Diable s’arrachent mon âme
Entre mes reins mes sens bousculent ma chasteté
Je suis le spectateur ému de sa frivolité

J’aimerais cueillir ce qu’on y sème
Mais l’ivraie pousse et recouvre ceux que j‘aime
Le jardin a des fruits qu’il faudra déminer
Ou bien mourir de faim ou s’empoisonner

J’ai germé sous les pierres que la raison inflige
Paysanne d’hier débauchée par la bêtise
J’ai traîné sur la Terre mes dehors anarchiques
Pour vous le moindre mystère devient forcément hérétique

Je suis de cendre comme dans un film d’Igmar Bergman
Je suis un décembre, désert dans lequel je rame
Venez pêcheurs! Venez! Appâtez mon âme!
La prise est meilleure lorsqu’elle baigne dans ses larmes

Le silence est trop fort ou êtes-vous muet?
Je n’entends plus de vous que vos regards distraits
Vos regards de corbeaux sur mon âme perchés
Votre cœur qui croasse et moi dessous qui veut manger

J’ai germé sous les pierres que la raison inflige
Paysanne d’hier débauchée par la bêtise
J’ai traîné sur la Terre mes dehors anarchiques
Pour vous le moindre mystère devient forcément hérétique

Qui fera rire le dragon triste
Qui erre au bord d’un précipice?
Tant pis c’est pile ou face qui va décider
Si je devrais sauter ou recommencer

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