Deux moments fondateurs
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Ma mère, les yeux las mais ravis, papa à l’attention soutenue, tous les deux unis par la force qui sait créer des merveilles naturelles, étaient penchés sur le 3e enfant de la famille Clément. Isadora était née.
Voilà comment j’ai perdu le droit de cadette.
Je suis la fille de mon père qui apprécie le travail physique mais dans la création. Bref les affaires courantes de la vie ne lui seront jamais familière.
C’est pas que mon paternel m’a couvée toutes ces années malgré les deux autres enfants qui sont bien entendu demeurées plus jeunes de quatre et cinq ans.
Non, fondamentalement, partageant ses traits de caractères essentiels, je revendique simplement le droit du statut de cadette.
Bien sûr, dans ma vingtaine j’ai forcé les atomes pour m’éloigner non des valeurs véhiculées de l’homme progressiste mais de celui qui les portaient.
J’ai perdu l’affection de Magdelaine en bas âge mais retrouvé celle de mon alter ego de papa vers la fin de sa vie active.
*^^
Je percute l’oeil de Mathieu Forbes
La liberté est prise à bras le corps
Ou comment je ne tomberai pas en amour.
Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre au retour du cinéma. Nous courrons les films d’auteurs tout en marchant la ville dans tous les sens.
Invariablement la volée de marches qui menait à son petit appartement faisant battre mon coeur en chamade.
Un matelas était jeté à même le sol. J’y trouvais souvent Mathieu rêvassant étendu un bras sous la nuque.
Flâneurs, nous passions des heures ne se souciant que de nous même, lisant Duras et Christiane Rochefort, alanguis dans un demi sommeil de fin d’après-midi.
C’était ça, comme une évidence, il y aurait l’amant et le mari.
Ainsi en compagnie de mon mari chéri dans l’action, le social et le politique puis le plaisir des sens les mercredi et samedi, en harmonie comme on trouve les vents et les bois dans les ensembles musicaux.