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Tableaux nomades en messagers d’autrefois
Aux rendus évoquant un familier jadis, là, tapi
Rétrovision sur nos pas frileux, heureux, bénis
Je m’en remets à ces reliques, à leur usée voie
Délayés coloris de saison, sur temps imparti
D’œuvres flétries naît ma pulsion à céder l’ici
Entre un maintenant fixé et le hier cru aboli
Vient l’ambigu ressenti, confronté à l’imagerie
Tout cela serait-il un songe éveillé en moi?
Me gardant suspendu au fil d’un réel distordu
Souvenirs en faux-semblants, l’esprit confus
À tâtons, entre mélancolie et désir rabat-joie
Nostalgie, plutôt l’intime soif de voir renaître
Ces vécus perdus, envolés par-delà les crêtes
Du point de vue retiré de mon îlet jugé maître
L’oubli s’invite, disperse les échos obsolètes
Pion au long récit, la soif de le reconstituer
M’entraîne sous un châle de ce qui fut prose
Sous l’aile effleurant mes épaules esquintées
La recoltée douceur opère la métamorphose
À tort mésestimée, dépeinte comme mollesse
La grisâtre nostalgie me berce, subtil élixir
Mon âme délestée de chaînes peut se réjouir
En sereine lancée sur tes chemins de traverse
Tout se fane, part, s’éteint, me dit le détour
Les choses, les moments, nos feux, nos étés
Or, l’étincelle survit en fin des révolus sentiers
Mémoire déliée, ma nuit cède aux mille ajours